Lorsque j'étais enfant, juste après guerre, les boîtes de douze étaient déjà presque un luxe. Celles de six, voire de quatre se trouvaient plus facilement. Quant aux autres, pffffffffff ! même pas en rêve ! et encore, j'avais de la chance : mes parents encourageaient les arts !
Une année, après Noël, ma voisine de classe est revenue avec une boîte de C... d'A... de vingt-quatre crayons. Un émerveillement ! à mes demandes réitérées d'ouvrir la boîte pour regarder, elle opposa une fin de non-recevoir ca-té-go-ri-que. Peut-être que les regards sont plus agressifs que les taille-crayons ? Un matin cependant, j'avais eu l'autorisation de rester en classe pendant la récréation. Au moment de sortir, ma voisine prit sa belle boîte et la plaça bien en évidence sur le dessus de son bureau. Un peu sadique, non ? je résistais, résistais et au dernier moment, quand tout le monde se préparait à rentrer, j'ai entrouvert la boîte... Hurlements : "C'est une voleuse ! elle m'a volé ma boîte !..." et en choeur les autres : "voleuse !, voleuse ! voleuse" !!!" Il a fallu l'intervention de la maîtresse pour démontrer que la boîte était toujours là et qu'il ne manquait pas la moitié d'un crayon... mais j'en avais gros sur le coeur, ma curiosité amplement punie !
Quelques temps après, mes parents qui parfois nous rapportaient une bricole, en revenant des courses hebdomadaires ont pris des airs mystérieux pour nous donner... une superbe pochette de crayons : une double, de vingt-quatre. Ils nous offraient la clef du paradis. Tandis que, à mon habitude, je m'en suis servie et resservie, mon petit frère les économisait, les bichonnait et c'est ainsi que, un bon demi-siècle plus tard, j'ai encore sa pochette, précieusement rangée dans un tiroir...
Et puis les années ont passé et un jour, profitant d'une promotion dans un Hyper qui venait d'ouvrir, je me suis offert les trois douzaines. Cette fois, ce sont mes filles qui de temps en temps venaient subrepticement les utiliser et je fermais les yeux...
L'histoire s'arrête-t-elle là ? que nenni ! ce serait compter sans les amies !Pour mes 62 ans, l'une d'elles m'a offert quatre douzaines : la folie, le rêve à l'état pur, l'arc-en-ciel puissance dix ! Quarante-huit crayons, que je n'ose pas tailler, que je caresse, classe, range et dérange pour reranger... En comptant bien, si j'en use un par an... je pourrai arriver à cent ans !
Merci B. ! Merci !
5 commentaires:
Ah les fameux Prismacolor ... beau cadeau effectivement ! :-)
Tu vas rire, mais j'ai souvenir d'un cadeau d'enfance d'une tante de ma mère (autant dire une vieille dame pour nous, que l'on connaissait à peine, lol), c'était une boîte de C... d'A..., lol
Et je m'en souviens comme si c'était hier (en particulier du dessin du couvercle de la boîte : un magnifique paysage enneigé !). Qu'est-ce que je les ai aimés mes crayons !!
Merci pour cette chronique "petite madeleine" Elisabeth !!
Que j'aime te lire... c'est si joli ces souvenirs d'enfance, cette magie de l'émerveillement... et quelle tristesse aussi lorsque l'on voit les jeunes aujourd'hui aussi blasés. Que ne savent-ils ce qu'ils perdent!
Mais ta prose, je la savoure et je t'en remercie.
que de beaux souvenirs, et qu'elle belle histoire de couleur..;-)
tu sais que j'ai encore mes boîtes de crayons de couleurs d'enfants, mes pastels, etc..j'ai tout garder, et je les chéri toujours autant, même si je ne dessine plus...à cause du scrap..pppffff...;-D
Les couleurs illuminent le quotidien, et que dire des couleurs de l'amitié ......
J'adore! Bonne et belle fin de semaine! Pascal.
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